Didier Frouin-Guillery, Ulysse, jusqu’où aller
jouet Pinocchio de Walt Disney, 1950, 16 x 14 x 11 cm
Exposition GAM(M)ES, 2015 © DFG
|
Dans la ligne de mire des Indiens faisant couler de l’or fondu dans la
bouche des Espagnols*, je place un authentique jouet Pinocchio, rebaptisé Ulysse (non sans penser aux souffrances
endurées par le peuple grec aujourd’hui)...
Mon personnage se présente littéralement fondu par soixante années d’abandon,
d’ennui et d’oubli dans un grenier, et il sourit toujours de son mortel désenchantement.
Cet Ulysse m’apparaît comme
une vanité et le premier objet de mon Cabinet
de réflexion. Je m’approprie ce terme en l’allégeant de sa connotation franc-maçonnique.
Je le préfère à celui de Cabinet de
curiosités qu’on incorpore depuis trop longtemps à toutes les sauces de
l’art.
Je garde du cabinet de réflexion son caractère initiatique de jeu avec des éléments
symboliques, objets, images et mots, et cette pratique rituelle d’introspection
dans un espace créé spécifiquement qui s’apparente à une chambre noire, à un
espace profond, telle une grotte ou une caverne.
D’autres éléments prendront place dans ma
caverne. Je les laisserai venir, s’installer et exprimer silencieusement leurs
mystérieux rébus, comme ils l’ont fait dans la chambre claire de l’exposition GAM(M)ES. Peut-être qu’un jour un inven’terre s’imposera, et prendra la
forme d’une nouvelle exposition. Mais peut-être cette mise en lumière
n’est-elle pas nécessaire…
Dans le ventre de ma Baleine « ceux que l’on initie ne doivent pas
apprendre quelque chose, mais éprouver des émotions et être mis dans certaines
dispositions. » (Aristote)