Didier Frouin-Guillery, photographie extraite de la série Ères de jeux, 2015
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"Le besoin nous contraint au travail
dont le produit apaise le besoin : le réveil toujours nouveau des besoins nous habitue au travail. Mais dans les
pauses où les besoins sont apaisés et, pour ainsi dire, endormis, l'ennui vient
nous surprendre. Qu'est-ce à dire ? C'est l'habitude du travail en général
qui se fait à présent sentir comme un besoin nouveau, adventice ; il sera
d'autant plus fort que l'on est plus fort habitué à travailler, peut-être même
que l'on a souffert plus fort des besoins. Pour échapper à l'ennui, l'homme
travaille au-delà de la mesure de ses autres besoins ou il invente le jeu,
c'est-à-dire le travail qui ne doit apaiser aucun autre besoin que celui du
travail en général. Celui qui est saoul du jeu et qui n'a point, par de
nouveaux besoins, de raison de travailler, celui-là est pris parfois du désir
d'un troisième état, qui serait au jeu ce que planer est à danser, ce que
danser est à marcher, d'un mouvement bienheureux et paisible : c'est la
vision du bonheur des artistes et des philosophes."
Humain,
trop humain,
Friedrich Nietzsche, 1878.