lundi 22 août 2016

Une halte





Une halte, triptyque photographique © Didier Frouin-Guillery, 2016
Château de Chaumont-sur-Loire, Centre d’arts et de nature,
avec un détail de Capella dans la clairière, œuvre d’Anne et Patrick Poirier,
et un détail du vitrail de l’installation Tremblement de ciels de Marc Couturier.




“Nous avons besoin d’histoire car il nous faut du repos. Une halte pour reposer la conscience, pour que demeure la possibilité d’une conscience – non pas seulement le siège d’une pensée, mais d’une raison pratique, donnant toute latitude d’agir. Sauver le passé, sauver le temps de la frénésie du présent : les poètes s’y consacrent avec exactitude. Il faut pour cela travailler à s’affaiblir, à se désœuvrer, à rendre inopérante cette mise en péril de la temporalité qui saccage l’expérience et méprise l’enfance. Étonner la catastrophe, disait Victor Hugo, ou avec Walter Benjamin, se mettre à corps perdu en travers de cette lente catastrophe lente à venir, qui est de continuation davantage que de soudaine rupture.”

Extrait de Ce que peut l’histoire, Leçon inaugurale prononcée le jeudi 17 décembre par Patrick Boucheron, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d’Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIème-XVIème siècle.
Texte publié aux éditions Fayard, Paris, avril 2016 (71 pages).







dimanche 7 août 2016

Silence


Le mot empêche le silence de parler. (Eugène Ionesco)

Et le silence des images, est-ce la nuit ?







Adri-ein, images extraites de la vidéo Qui parle aux yeux
© Didier Frouin-Guillery, 2008 – 2010,
montage de 90 photographies sur une musique
du compositeur Bernard Parmegiani (Le Présent composé).



 
 









jeudi 4 août 2016

Le Drame du taureau





Toreros, montage et photographie de Nîmes, Didier Frouin-Guillery, 2016
A gauche, tableau de Pietro Annigonni, La Soffitta del Torero,
découvert dans l’exposition Mannequin d’artiste, Mannequin fétiche,
au Musée Bourdelle, Paris, 2015




“A Nîmes la statue de Nimeño a pris la voie des airs ce lundi matin. Via un engin de levage, elle a, en effet, été enlevée du parvis des arènes où elle trône et a été chargée sur un véhicule. Direction sa fonderie d'origine, à Paris, où elle va faire l'objet d'une expertise avant la phase de sa restauration.
L'opération s'est déroulée avec l'accord de Séréna Carone, la sculptrice qui a réalisé l'œuvre et qui est régulièrement tenue informée de l'état de la statue. Victime à plusieurs reprises d'actes malveillants, celle-ci sera de retour dans quelques semaines pour le plus grand bonheur des Nîmois, des aficionados et des touristes qui sont nombreux, chaque jour, à immortaliser, auprès de la représentation de l'illustre torero, leur passage à Nîmes.”





Pendant la semaine d’inauguration des Rencontres de la photographie d’Arles, j’ai logé cette année à Nîmes. Je suis passé devant cette statue du torero Nimeño tous les soirs en rentrant à mon hôtel. Et tous les soirs j’ai eu cette double pensée pour Lucien Clergue, en lien avec les Rencontres d'Arles, et pour son premier film Le Drame du taureau (1965, prix Louis Lumière 1966) découvert cet hiver dans son exposition au Grand Palais.
Cette œuvre marquante montre “la corrida filmée au plus près du taureau, que ce soit dans son enclos avant la corrida, dans l'arène lorsqu'il affronte le torero, ou encore sur la remorque du véhicule qui le conduit chez le boucher à travers les rues de la ville en fête. Ce procédé ajoute à la dramaturgie et on sent d'autant plus l'ambiance, la tension qui règne pendant la corrida et l'émotion qui jaillit devant l'agonie […].”
Un point de vue inédit et fort sur ce spectacle de mort.