Je vais boire une chicha. Je m’attable au
fond de la salle d’un café rempli de boliviens. En face de moi une petite
Indienne est occupée à écrire sur un cahier d’écolier. Un signe du fond du
comptoir, et l’enfant glisse de sa chaise, s’installe sur le carrelage pour poursuivre ses devoirs, comme
agenouillée à mes pieds. Elle me fixe intensément de ses yeux noirs jusqu’à me
pincer le cœur, fort, très fort. Je quitte aussitôt ma place et le café…
Devant moi, sur le trottoir, une femme Indienne titube
et s’effondre en se tenant la tête. Elle a perdu connaissance. Des passants
accourent et crient en regardant en l'air, et en levant le poing. C'est un moment d'affolement où je n'ai pas ma place. Je continue de
marcher, et, un peu plus loin, mon pied butte sur une petite pierre que j'aurais pu tenir dans ma paume, une pierre
ensanglantée sur laquelle est collé un gros lambeau de cuir chevelu, celui de la femme à
terre. Juste au-dessus de nous, le chantier d’un gratte-ciel…
DFG
Vue
(rêvée) des montagnes des Andes environnant la ville de La Paz © DFG
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