lundi 16 mai 2016

Jeu humain, trop humain




Didier Frouin-Guillery, photographie extraite de la série Ères de jeux, 2015   
© DFG




"Le besoin nous contraint au travail dont le produit apaise le besoin : le réveil toujours nouveau des besoins nous habitue au travail. Mais dans les pauses où les besoins sont apaisés et, pour ainsi dire, endormis, l'ennui vient nous surprendre. Qu'est-ce à dire ? C'est l'habitude du travail en général qui se fait à présent sentir comme un besoin nouveau, adventice ; il sera d'autant plus fort que l'on est plus fort habitué à travailler, peut-être même que l'on a souffert plus fort des besoins. Pour échapper à l'ennui, l'homme travaille au-delà de la mesure de ses autres besoins ou il invente le jeu, c'est-à-dire le travail qui ne doit apaiser aucun autre besoin que celui du travail en général. Celui qui est saoul du jeu et qui n'a point, par de nouveaux besoins, de raison de travailler, celui-là est pris parfois du désir d'un troisième état, qui serait au jeu ce que planer est à danser, ce que danser est à marcher, d'un mouvement bienheureux et paisible : c'est la vision du bonheur des artistes et des philosophes."

Humain, trop humain, Friedrich Nietzsche, 1878.



dimanche 15 mai 2016

Leur Sud est mon N'or



Didier Frouin-Guillery, Quand la parole est argent, le silence est d’or, 2015
gravure photographique, tirage 76 x 60 cm, encres pigmentaires sur papier FOGRA
Exposition GAM(M)ES  © DFG

Détournement d’une gravure de Théodore de Bry (1528-1598), cette image montre des Indiens qui répondent à notre conception de l’altérité quand elle n’est basée que sur la course au profit et le pillage.
C’est à l’origine une petite illustration extraite de la grande Histoire de la découverte de la Terre, écrite par Ch. de La Roncière et publiée par Larousse en 1938
C’est une scène qui m’habite depuis mon enfance, depuis que mon père m’a donné cet ouvrage, qui était aussi un de ses livres de prix scolaires.
Telle une empreinte à rebours, cette image, si terrible et si juste, se révèle être toujours le négatif de notre histoire moderne et de nos actualités. 


samedi 14 mai 2016

Retour sur Christophe Colomb





Didier Frouin-Guillery, diptyque photographique, extrait de la série Echo’grafies 2016
© DFG
 


« Depuis que Christophe Colomb a fait débarquer ses soldats, l’histoire mondiale est devenue une histoire unique, globale, reliée, mondialisée. La pauvreté des uns ne peut plus s’expliquer sans interroger les liens de causalité avec la richesse des autres. Le développement économique des uns est indissociable du sous-développement des autres. Les progrès des droits sociaux ici ne sont possibles que par la négation des droits là-bas. »


Extrait de l’article Les trois âges d’une domination : Colonialisme, néocolonialisme et balkanisation, Saïd Bouamama, site Investig’Action, 9 mai 2016.