vendredi 15 mai 2020

L'Ignorant








L’Ignorant, dessin à l’encre
© Didier Frouin-Guillery




L’IGNORANT

Plus je vieillis et plus je croîs en ignorance,
plus j’ai vécu, moins je possède et moins je règne.
Tout ce que j’ai, c’est un espace tour à tour
enneigé ou brillant, mais jamais habité.
Où est le donateur, le guide, le gardien ?
Je me tiens dans ma chambre et d’abord je me tais
(le silence entre en serviteur mettre un peu d’ordre),
et j’attends qu’un à un les mensonges s’écartent :
que reste-t-il ? que reste-t-il à ce mourant
qui l’empêche si bien de mourir ?  Quelle force
le fait encor parler entre ses quatre murs ?
Pourrais-je le savoir, moi l’ignare et l’inquiet ?
Mais je l’entends vraiment qui parle, et sa parole
pénètre avec le jour, encore que bien vague :

« Comme le feu, l’amour n’établit sa clarté
que sur la faute et la beauté des bois en cendres… »


Philippe Jaccottet, L’IGNORANT, poèmes 1952-1956, éditions Gallimard









dimanche 10 mai 2020

mardi 5 mai 2020

Sein d’esprit, et assez satisfait de l’être







Sein d’esprit, dessin à l’encre,
clin d’œil à Roland Topor
© Didier Frouin-Guillery






Première page du JOURNAL DES BEAUX-arts,
Exposition Topor, Ecole des beaux-arts de Paris, 1986





J'adresse une amicale pensée à Anne Barrault qui, dans sa galerie, contribue à faire vivre et connaître les œuvres de Roland Topor et leurs correspondances avec celles d’artistes contemporains.