lundi 28 mai 2018

SC - La visite (8)

8. De la reproductibilité





Exposition SERIAL COLLECTOR
L’Imagerie © Didier Frouin-Guillery, 2018
 


Six triptyques photographiques touchant à la lumière, à la photographie et au cinéma, dialoguent, comme dans un musée, avec différents types d’images et d’objets.






On trouve dans cet espace des supports variés d’enregistrement, de reproduction et de copie : bande magnétique, bande perforée de programmation, journal de presse, affichette, image offset, plan, circuit imprimé, disque, cassette, trois générations de disquette, diapositive, plaquette de stéréoscope, bobine de film, cdrom, et autres curiosités…
Un mannequin féminin, étrangement costumé dans des chutes de bobines de cinéma, veille sur cette mémoire.
 




Sur le mur contigu, un moniteur fait défiler le diaporama DiAgonales qui présente la deuxième correspondance photo “père et fils” avec Adrien, sous la forme de 32 diptyques (3 min). Les tirages de trois de ces DiAgonales sont épinglés en regard du diaporama.

A côté, La Mouche acrobatique est un petit film documentaire muet de 1910 réalisé par le naturaliste anglais Frank Percy Smith. Il renvoie à un jeu que pratiquait l’artiste dans son enfance.

Comme les grands dessins au-dessus qui l’accompagnent, le graphisme des insectes du film et leurs silhouettes noires annoncent les caractères propres aux dessins du “cabinet” qui fait suite à cet espace.
 
 
 


Exposition SERIAL COLLECTOR - L’Imagerie
Série DiAgonales et dessins
© Didier Frouin-Guillery –Adrien Frouin, 2018
 
 
 
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Les “invités” de l’artiste :
 
-      Planches de 4 tests de Rorschach
-      Marylin (Salades), Pierre Denan, estampe offset, Mouvement 19, Paris, 2002
-     L’Artiste ! François Mitterrand, photographie de Thierry Chesnot , Libération (1988)
-      Léo Ferré, pochette d’album, photographie de Jean-Pierre Lenoir
-      Grotte du Pech Merle, carte de vues touristiques pour stéréoscope Lestrade
-      Le premier appareil photographique du monde, carte postale, Musée Nicéphore-Niépce – Musée de la photographie, Chalon-sur-Saône
-      Portrait peint sur image radiologique de crâne (boîte lumineuse), photographie tirée de l’exposition Persona – Etrangement humain, Musée du Quai Branly, Paris
-      Clichés de scanner cérébral
-      Affiche con-con & ses avatars, exposition de Guillaume Pinard, artiste peintre indisciplinaire, Galerie Artem, Quimper, 2002
-      Dessin d’architecture métallique, Adrien Frouin
-      Dessin de dinosaure, Adrien Frouin
-      Tableau d’histoire naturelle, Reptiles jurassiques : Géologie par M. G. Colomb, Hachette et Cie Éditions, Paris, années 30
-      La Mouche acrobatique, film documentaire muet (3 min), Franck Percy Smith, naturaliste anglais
 
 
 


 

 

dimanche 27 mai 2018

SC - La visite (7)

7. D’autres curiosités photographiques


 


Exposition SERIAL COLLECTOR
L’Imagerie © Didier Frouin-Guillery, 2018
 

 
Précédant six grands triptyques photographiques, l’envers d’une étiquette de vêtement de 10 cm devient une image de un mètre. Cette photographie invitant au voyage se présente comme un grand tableau que ne renierait pas la peinture.




 


Au fil du temps, la photographie a pris une place majeure dans le travail de Didier Frouin-Guillery qui se définit comme un “chasseur-cueilleur” d’images. Sa pratique s’énonce dans un double mouvement. Observateur de tous les événements du quotidien, le photographe fait de ses captures de choses anodines, ou qu’on ne voit plus, des curiosités poétiques à interroger.

Il est aussi guetteurdans les divers espaces du monde de l’art, attentif aux visiteurs tout autant qu’aux œuvres.








samedi 26 mai 2018

SC - La visite (6)

6. Des yeux et des regards
  

 


Exposition SERIAL COLLECTOR
L’Imagerie © Didier Frouin-Guillery, 2018
 


Sur un mur aux éléments très divers, la figure emblématique des yeux tourne autour de six triptyques photographiques qui consacrent aussi les yeux comme sujet. Après les anciens tableaux scolaires d’histoire et de vocabulaire placés dans les chapitres précédents, d’anciennes planches d’études anatomiques sur l’œil et la vision marquent les angles de cette composition spatiale.





Sur le mur d’en face, une frise rouge d’une dizaine de mètres accueille et distribue, dans des pochettes géantes d’archives, une collection de regards d’affiches de cinéma. Recadrée simplement par pliage, chaque affiche est glissée dans une pochette. En jouant avec les quatre soufflets de la pochette, chaque regard est placé à des hauteurs différentes, et cet ensemble étagé trace comme une ligne paysagère.





Le travelling de ce mur “rouge” fait aussi écho au long mur qui est à son opposé dans cette salle, celui du plan fixe de La Laitière qui garde les yeux baissés et dont on ne pourra jamais croiser le regard.
 



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Les “invités” de l’artiste :
 
-      L’œil, planche anatomique des Laboratoires Laboz
-      La Vision, documentation pédagogique, éditions André Rossignol, Montmorillon, 1953
-      Poster rouge de l’artiste Félix González-Torres, 1992 (avec 3 poinçons d’éléphant)
-      La Joconde, Léonard de Vinci, boîte de puzzle 1000 pièces sur poster
-      Une collection de regards, affiches de cinéma de l’association Gros Plan, Quimper








vendredi 25 mai 2018

SC - La visite (5)

5. De l’enfance et de la famille





Exposition SERIAL COLLECTOR
L’Imagerie © Didier Frouin-Guillery, 2018



Six triptyques photographiques s’intègrent à un ensemble d’images et d’objets souvenirs autour de l’enfance, de la famille, et de l’environnement domestique de Didier Frouin-Guillery. Ici se répondent en un même plan, comme dans un inventaire à la Prévert ou à la Perec, les œuvres du photographe, des photos de famille, des reproductions d’œuvres, des dessins d’enfant, des jouets détournés, un objet touristique (un éléphant de salon en céramique noyé de bandes magnétiques), des peintures d’amateur, des travaux d’aiguille et des extraits d’études à la gouache réalisées par la mère de l’artiste qui enseignait la broderie marocaine.

Le moniteur vidéo présente le diaporama Doubles vues, une correspondance visuelle “père et fils” sous la forme d’un marabout bout de ficelle photographique déroulé entre l'artiste et son fils Adrien (9 min).



 
A côté de toutes ces pièces-témoins, deux échantillons de la collection des collections de l’artiste font tableau. Tableau de moutons de sèche-linge, et “peinture” de lingettes de lave-linge voisinent avec l’image d’une impression de vêtements d’enfant résultant de la décoloration solaire d’un grand fond d’aquarelle bleu ciel.


 

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Les “invités” de l’artiste :

-      Le Salon, tableau scolaire d’élocution n°5, éditions André Rossignol, Montmorillon, 1953
-      Nu bleu III, Henri Matisse, carte postale du MNAM - Centre Pompidou, et jouet d’enfant, pantin de carton jaune découpé et cousu par Muguette Frouin (1955)
-      Fleur, broderie Glazig, Dominique Labory
-      Main aux doigts de feuilles avec oiseau, linogravure, Marine Frouin
-      Deux dessins de Suzanne Baron-Frouin (personnage à la glue bleue pailletée et dessin au feutre orange)
-      Dessins sur carré de serviette, dialogue graphique de Suzanne avec l’artiste
-      Tigre au chat – Femme à la colombe, peintures de Christiane Demange
-      L’Angelus de Millet – Paysage anglais, illustrations encadrées, 1946 et 1970
-      Etudes de broderies marocaines (1954) – Composition aux buvards roses sur calque (1954) – Canevas au faisan (1988), Muguette Frouin
-      Couverture de Télérama, Sexe féminin, tout ce qu’on nous a caché, illustration de Loran Stosskopf, 2018
-      Oiseaux, dessins encadrés (Mexique – Egypte – planche d’Histoire naturelle)
-      Oiseaux – Chat à l’oiseau, peintures de Célia Frouin



 

jeudi 24 mai 2018

SC - La visite (4)

4. Un cabinet de curiosités photographiques





Exposition SERIAL COLLECTOR
L’Imagerie © Didier Frouin-Guillery, 2018
 


En tant que photographe, Didier Frouin-Guillery entame systématiquement, après ses prises de vue, un travail de montage de trois ou deux images. Ses triptyques et ses diptyques constituent de curieuses associations ou des arrangements inédits. Les montages jouent d’allers-retours de sens et d’énigme entre un sujet et sa photographie, et entre les photographies à l’intérieur de chacun de ces ensembles ternaires ou binaires.
 




Au sein de chaque composition, on peut chercher des correspondances de sujets ou d’histoires, de lieu ou de temps, et des accords, ou des oppositions, plastiques (ligne, forme, couleur, composition…). Chaque montage constitue une sorte de haïku visuelet poétique qui concentre et déroute en même temps le regard.








 

mercredi 23 mai 2018

SC - La visite (3)

Notice de L'Imagerie (suite)


3. Des histoires d’art et de détails

 


Exposition SERIAL COLLECTOR
L’Imagerie © Didier Frouin-Guillery, 2018
 
 
 
Grand amateur d’histoire de l’art, Didier Frouin-Guillery dit que son regard a beaucoup, voire tout appris de la peinture, et particulièrement de certaines périodes : l’art paléolithique, la peinture flamande (Bosch et Vermeer), la peinture surréaliste, et l’art du collage. Il aime lier images et détails de la peinture, ou de tout art en général, avec ses propres photographies.




Dans ce troisième chapitre, un puzzle, cinq triptyques photographiques et trois photos individuelles représentent les satellites d’une imposante image centrale. C’est une large affiche publicitaire de La Laitière de Vermeer qu’une grande marque a détournée il y a quelques années. L’artiste appose sur la partie gauche de cette page imprimée géante ses propres photographies de détails de la peinture conservée au Rijksmuseum d’Amsterdam.
 
 
 

Une centaine d’éprouvettes suspendues sur la partie droite de l’affiche viennent jouer avec des coulures de colle à papier, et avec l’échelle de cette fresque. Elles participent d’une insolite cuisine de laboratoire artistique en enfermant chacune la miniature de La Laitière, issue d’une collection de centaines d’étiquettes de pots de yaourts.


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Aux côtés des œuvres de l’artiste, les “invités” :
 
-      Fête, peinture flamande, anonyme, puzzle
-      Oiseau aux grenouilles, détail du Jardin des Délices - Panneau de gauche, Le Paradis, Jérôme Bosch (vers 1494-1505)
-      La Laitière, Johannes Vermeer (1658), affiche publicitaire détournée, miniatures d’étiquettes de pots de yaourts, et photographies de la peinture originale (D. F-G)
-      Le Siège de l’éléphant, gravure de Johannes ou Lucas van Doeteum, vers 1563, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des estampes, Bruxelles





mardi 22 mai 2018

SC - La visite (2)

Notice de visite de L'Imagerie (suite)


2. Voyez-vous cette dalle ? Nous allons essayer de la faire basculer
Dessin, animé par une collection d’objets en plastique noir, 3.40 x 3 m.
 



Exposition SERIAL COLLECTOR
L’Imagerie © Didier Frouin-Guillery, 2018
 
 
 
Le titre de l’œuvre est emprunté à une bulle de BD présentée dans le chapitre précédent consacré aux Andes. Sur la page de cette BD bien connue un célèbre petit reporter s’apprête à découvrir le trésor solaire de l’Inca. Le trésor de Didier Frouin-Guillery est une collecte d’objets noirs qu’il a entamée il y a quinze ans.




Dessinant une curieuse forme mi-poisson, mi-oiseau, au style proche des géoglyphes appelés lignes de Nazca (photographie visible dans l'exposition au chapitre 10), ces objets de rebut participent d’une étrange écriture pictographique. La figure est ouverte à de libres interprétations.


 

Ce dessin contient aussi une métaphore plus sombre que sa couleur noire, en croisant la question de la totale invasion de notre planète par le plastique, et notamment par celui qui flotte à la surface des mers. Le mystérieux rocher noir échoué devant ce mur pourrait être un fragment d’astéroïde, c’est un insolite morceau de caoutchouc pétrolifère trouvé sur une plage du Finistère.





lundi 21 mai 2018

Serial collector - La visite (1)

Notice de visite de L’Imagerie


1. L’art des origines


Ce premier chapitre fait référence à un voyage que Didier Frouin-Guillery a fait au Pérou dans sa jeunesse, voyage qui a constitué la source originelle de son travail de création.



Exposition SERIAL COLLECTOR
L’Imagerie © Didier Frouin-Guillery, 2018


Nous entrons dans l’exposition par la Porte du Soleil, une réplique en modèle réduit de la Porte de Tiahuanaco près du lac Titicaca. Alice ne sait pas encore qu’elle va rencontrer, après cette porte noire, plus d’horreurs que de merveilles.
 
 




 Ainsi serons-nous frappés par cette grande gravure photographique noir et blanc que l’artiste intitule Quand la parole est argent, le silence est d’or. C’est une image d’Indiens qui répondent, par un supplice, à la conception de l’altérité des Conquistadors basée sur la course au profit et le pillage. Cette illustration photographiée par l’artiste est tirée d’un livre de son père, Histoire de la découverte de la Terre, publié au début du XXème siècle. La gravure originale date du XVIème siècle et est signée Théodore de Bry. Cette image hante l’artiste depuis son enfance. Telle une empreinte à rebours, elle se révèle être toujours le négatif de notre histoire moderne.




Sur le mur d’en face, un jouet Disney de 1950 fait écho à la torture des Espagnols. Avec son caoutchouc racorni et tordu, il se présente littéralement comme fondu par 60 années d’abandon et d’oubli dans un grenier. Mais il paraît sourire à son désenchantement. Les Indiens de la gravure et cet objet mis en boîte se donnent ensemble comme fantômes de notre mémoire.
  


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Dans chacun des chapitres de l’exposition, aux côtés de ses œuvres, on trouve les “invités” de l’artiste (images collectées, productions d’amateurs, dessins d’enfants, œuvres d’artistes), et ici :

-      Machu Picchu, calendrier GÉO - 2012 / 2018
-      Les Indiens coulent de l’or fondu dans la bouche des Espagnols, gravure extraite de Grands voyages, America pars quarta. Figure IX, 1594, Theodore de Bry (1528–1598)
-      Brève relation de la destruction des Indes, Bartolomé de las Casas, 1552
-      Lama rose, Pixel Art, Célia Frouin
-      Page 46 de Tintin, Le Temple du Soleil, Hergé, 1948
-      Lama, pastel de Monique Peytral, artiste peintre, 1985 (auteur du fac-similé de Lascaux 2, études et réalisation 1972-1983)
-      Petite reproduction d’une gravure tirée de la Nouvelle Chronique et bon gouvernement (1613-1615), Felipe Guamán Poma de Ayala (1534-1617)
-      Christophe Colomb découvre l’Amérique, tableau scolaire d’histoire n°26, éditions André Rossignol, Montmorillon, 1953
-      Pizarro le conquistador contemple l’or de sa nouvelle mine péruvienne, gravure de James Hillray (1756-1815)
-      La Porte des Jardins des remparts du Chellah, Rabat, aquarelle de René Arnould, artiste peintre, 1953 (œuvre accidentellement masquée par la suie d’un incendie)